By Barbara

La consolation

Famille, amis, anciennes connaissances, abonnés, lecteurs de passage

Bonjour à toi, à vous, à moi-même.

J’admets qu’à cet instant, je ne sais pas clairement à qui je vais adresser mes mots. Mais ils peuvent se mettre en ordre à présent. J’ai laissé infuser des choses, tenté d’organiser mes pensées pour revenir ici sept mois plus tard. Sachez-le immédiatement : mon texte sera très long, donc aucun problème pour celles et ceux qui sont là surtout pour regarder des photos, allez-y de suite, j’espère que vous les apprécierez et merci d’être passés !

Au vu de l’irrégularité de mes passages ici, je m’accorde le droit d’approfondir, de développer ma pensée du moment. Cet espace dédié au partage de mes photographies est de toute évidence devenu rapidement pour moi aussi le moyen d’en exprimer les temps plus ou moins forts de ma vie. Est-ce impudique, égocentrique, inintéressant ? Je me pose toujours cette question dès le premier paragraphe que je redoute, puis m’abandonne et glisse dans la confidence, que je regrette sitôt publiée… et cela, quelle qu’en soit la portée de son audience.

Une publication sur Fuerteventura, encore ? Penseront les plus habitués parmi vous.

Je vous avais pourtant bien prévenus en 2022, avec cet article au titre des plus évocateurs « Stop ou encore ? ».

J’ai refait le voyage, soit pour la quatrième fois précisément.

Alors oui, encore effectivement.

Mais la saveur y était particulière, non pas que la neige se soit soudainement mise à tomber ou que les volcans se soient mis à jaillir, tout était intact, rien n’avait bougé sauf quelques algues, tout y était pareil.
Rien n’avait donc changé, à part moi.

Jusqu’à ce 6 janvier 2024, je n’avais jamais atterri en cette saison, et encore moins dans cet état-là, avec le cœur lourd.
Une prédiction, une coïncidence, le destin, le karma, mettons le mot ou la signification que l’on y verra, ou pas, à ce qui suit. Mais qui, personnellement, m’interroge.

Pour vous situer dans le contexte, nous sommes en 1986, et j’ai 9 ans. Comme tous mes camarades de classe, je remplis la feuille qui viendra se joindre aux autres sous forme de petit livret souvenir à feuilleter, celui-là même qui sent l’odeur de l’alcool provenant de la machine à polycopier, j’adorais ça, plus encore si le papier était chaud. Je devais également bien aimer écrire, à défaut de savoir calculer, et ma maman, elle, d’en conserver toutes traces éventuelles de récit. Ce chapitre VI, je l’ai redécouvert, et la relecture de mes mots d’enfant m’a troublée tant tout y est si juste (sauf les fotes du titre), comme prémonitoire même.
À l’exception du vélo (trop froussarde pour m’élancer) et d’avoir plusieurs enfants (trop comblée dès le premier), tout s’est déroulé comme ma petite écriture appliquée l’écrivait ce jour-là. J’en conviens, il n’y avait rien d’extravagant à première vue, je ne me projetais pas en future présidente de mon pays ni en éleveuse d’insectes, me diriez-vous.

Je déteste faire les courses et je n’ai jamais souhaité de lave-vaisselle, aussi je conserve précieusement les splendides tricots confectionnés par ma maman au début des années 2000 pour mon fils.

En réalité, ce qui m’interroge, c’est pourquoi l’Espagne ? Rien de rien ne me rattachait de près ou de loin à cet endroit. À 9 ans, je ne connaissais que le Danemark, pays de ma grand-mère maternelle, qui était le décor de toutes mes vacances d’été, et cela jusqu’à mon adolescence. Je n’avais donc, à cet âge-là, jamais vu ce à quoi pouvait bien ressembler l’Espagne (plus captivée par Princesse Sarah que par Ushuaïa), aucune amitié, aucune romance, ni admiration pour une célébrité native de là-bas.

Je me répète, strictement RIEN.

Ce n’est qu’en 2009 que je me rends pour la première fois en Espagne, par le biais d’un voyage entre amis à L’Estartit, un bel été avec beaucoup de baignades et la visite du musée de S. Dalí à Figueres.

Août 2013, Barcelone cette fois et le souvenir d’une chaleur intense, des œuvres sublimes et pittoresques de Gaudí.

Août 2018, à peine remise d’une embolie pulmonaire, c’est encore émotive et éprouvée par les douleurs que je voyage cette fois sur l’île de Lanzarote. Étrange endroit dont j’ignorais l’existence et l’archipel dont elle fait partie, les îles Canaries (nulle en calcul et en géographie aussi). Un voyage entrepris par hasard, à la suite d’une lecture sur un blog et de l’intérêt provoqué par l’une des photos y figurant. J’y vois un paysage lunaire dont le silence, que j’imagine sur place, m’attire et correspond à ma limite du supportable du moment. Arrivée sur l’île, les balades se succèdent et je découvre aussi l’univers magnifique et très présent sur l’île de César Manrique. Ce furent de superbes beaux moments.

Août 2019, comme un sachet de bonbons Dragibus dont tu voudrais goûter chaque couleur pour en découvrir une nouvelle saveur, je me dis : pourquoi ne pas retourner aux Canaries ? L’archipel étant composé de sept îles, pourquoi pas tenter celle de la Grande Canarie cette fois ! Très différente de Lanzarote, plus verdoyante, plus colorée, plus fréquentée aussi. De chouettes vacances, bousculées néanmoins par le chagrin d’apprendre qu’il n’y aura plus jamais ma grand-mère, ma mamie, pour m’accueillir sur le seuil de sa maison danoise, changeant d’adresse pour l’éternité.

Août 2020, un été pas comme les autres, virus/contagion/masque/vaccin/test… la liste est longue et j’y rajoute aussi le mot inquiétude. Pourtant l’été est là, et je ne l’envisage pas sous autant de pressions. Je reprends mon plan des Canaries, regarde les photos d’illustration de chacune des îles. Se démarque Fuerteventura avec des plages interminables, un désert de sable contrasté par l’aridité d’un paysage volcanique. Le combo parfait pour ne croiser personne, ne plus avoir à se masquer à chaque instant, et surtout tenter d’oublier l’état du monde dans lequel nous vivions. Pas facile de décoller vers la destination, vol annulé, puis décalé, encore annulé etc. … puis ça marche enfin.

Quelle respiration ! Quel apaisement retrouvé en ce lieu. Le coup de foudre immédiat, le coup de cœur total où, par endroits, je suis une sorte d’Ève au paradis, sans l’ombre de personne sur des kilomètres.
Faux, Adam était là. Souvenez-vous de ce que j’écrivais à 9 ans : « que j’essaierai de me marier ».

Il aura fallu que j’atteigne l’âge de 21 ans pour qu’il se présente devant moi, de rajouter 4 années pour ne faire plus qu’un de nous deux, puis 3 années supplémentaires pour porter son nom, et là, mes calculs sont bons.

À bientôt 47 ans, je peux affirmer qu’en dépit de deux bourrasques passagères, rétrospectivement, nous n’aurons pas été déstabilisés par cela à long terme, ce qui m’amène à penser également que je suis plus assurée en tandem avec lui que sans. L’essai est, pour ainsi dire, plutôt concluant.
Alors, pourquoi le cœur lourd, en miettes ? Tout semble s’être déroulé comme je me l’imaginais.

Quelle case n’a donc pas été cochée ? Aller en Espagne ✅ se marier ✅ Ma maman a tricoté des pulls ✅… on y vient : « avoir un bon métier ».

Indéniablement, je sais qu’à 9 ans, je veux être « Émilie Jolie », jouer et danser comme « Annie », crier et pleurer comme dans « L’Effrontée », et marcher sur la route de briques jaunes. Je mets des pièces à n’en plus finir dans les photomatons en changeant d’expression. Bref, je serai actrice quand je serai grande, et pourtant, je ne l’écris pas.

À 9 ans, je passe mon temps à feuilleter nos albums de photos de famille, je pique en douce celles que je préfère, et cela exaspère ma mère. Elle me donne les doublons en notant bien à l’arrière « à Baba » pour ne plus se faire avoir. Avec mes copines, Sandrine, Marina, Maryline et Susana, je dépense mes quelques sous récoltés dans les appareils photo jetables Fujifilm et leur fais souvent toutes prendre la pose, de préférence accessoirisées, contre un mur blanc. Ça me change de mes peluches et de mes Barbies.

Et cependant, là encore, sur mon papier, aucune évocation de cette occupation qui remplissait le plus clair de mon temps libre.

La réponse se trouve visiblement, précédemment, dans le chapitre III, consacré cette fois au mariage, dans lequel je ne m’attarde pas sur la longueur de ma future robe, je me disperse à parler cette fois de la Chine avant l’Espagne ou d’aimer vivre aussi « peut-être à Paris, vendeuse de Bénêthon ».

Je prends mon stylo rouge et corrige : il ne s’agit pas d’une boîte de thon, mais d’une enseigne de vêtements « United Colors of Benetton », pour être plus exacte.
Là encore, ni actrice et encore moins photographe. L’analyse peut se simplifier en quelques lignes. Des trois fenêtres de notre appartement, nous donnions sur plusieurs boutiques dont Benetton, le logo vert ne passait pas inaperçu et l’une de mes robes provenait de cette marque, la plus chère de ma garde-robe. Ça ne s’oublie pas. Mais surtout, mes parents travaillaient respectivement dans le commerce. Ma mère excellait dans le textile et mon père dans l’ameublement, avec tous deux le point commun de faire cela avec la plus grande des facilités, sachant manier le verbe avec éloquence et espièglerie, faisant autant preuve de persuasion que de réelle sympathie communicative. Des personnages solaires, très confettis/paillettes, un peu too much, comme on dit. De ceux aussi, qui maquillent et se relèvent de leurs ecchymoses, à qui, sous le vernis, ne se révèle pourtant pas que du « tout rose ». BRAVO et MERCI pour l’exemple, et ça, c’est moi qui leur dis.
Des parents dans la vente, donc vous me voyez venir… Les chiens ne font pas des chats, je suis tombée dans la marmite dès l’enfance, c’est dans mon ADN, etc. La prémonition semblait toute trouvée.

Sans aucun engouement ni de grandes prédispositions aux études, je m’amuse un petit bout de temps sur des tournages de films à faire plein de figurations, des cours de théâtre, je cours les castings, enfin, surtout s’ils sont servis sur un plateau… Puis, hop ! s’en fut fini.

Je me retrouve ensuite à vendre des vêtements premier âge tout en faisant des démonstrations de poussettes et de stérilisateurs, et j’ai raffolé de faire cela quotidiennement.

C’était donc acté, je suis vendeuse, ni plus ni moins que ça, et quel bonheur ! En plus d’avoir, par ce biais-là, trouvé chaussure à mon pied pour une route en tandem, je découvrais le plaisir de me rendre utile et impliquée à la tâche, attentive aux besoins des gens, plus vivante que jamais.

En 2001, après 3 ans de bons et loyaux services à manipuler bavoirs et doudous, je change d’enseigne de mon plein gré, estimant qu’une vilaine m’en fait trop baver.

Je me dirige et postule alors sans hésiter auprès d’une seule autre enseigne, que j’aime et fréquente souvent. En bonne cliente, je possède déjà, avant mon intégration, un service de vaisselle, une lampe, une horloge, des tabourets, de la déco de Noël. Ce que je ne sais pas encore en février 2001, ce que je n’avais pas noté enfant, est que cet endroit sera ma deuxième famille, que j’y resterai la moitié de ma vie et surtout que j’y serai tellement, mais tellement heureuse. Je n’ai jamais aimé les chiffres, ni même fait l’effort de les retenir, mais le 11 décembre 2023, je ne l’oublierai pas. Ce jour où j’ai quitté ma maison secondaire, entourée de tous mes frères et sœurs de cœur en larmes. La rupture était si soudaine, si injuste pour nous tous, devoir accepter que la grille ne se relève plus nulle part et pour personne. Il y aurait beaucoup, pour moi, à dire sur le sujet, mais il serait anodin et ronflant pour certains, une sorte de non-événement.

Toutefois, se représenter 22 années et 10 mois, ça, chacun peut le faire. D’imaginer la bonne moitié de ce temps consacrée au même et unique travail, qui, certes, vous rémunère mal, mais dont votre épanouissement outrepasse cet aspect tant ce qui vous entoure vous procure rires et satisfactions diverses. Un travail que tu ne subis pas, qui n’est pas une « voie de garage » et que tu exerces, dans mon cas, 7 heures par jour, 5 fois par semaine, sans nonchalance ni routine, et pour lequel tu palpites parce que ce métier-là est fait pour toi, mais surtout, j’insiste, surtout, tu le fais à cet endroit-là et pas ailleurs. 22 ans et 10 mois dans le même quartier, tant de rencontres inoubliables, de visages inconnus devenus intimes, de confessions partagées, de confiance gagnée, tant de réussites et de défaites collectives, de serrages de coudes, de collections iconiques, les années de gloire et les heures noires, je pourrais énumérer encore et encore, et mes frères et sœurs de cœur d’attester de la véracité de mon récit. C’était notre chance à tous, la mienne assurément : avoir trouvé un bon métier, comme je l’avais écrit à 9 ans.

Voilà, ce qui nous amène donc à la raison de ce cœur lourd, avec ce nœud à la gorge et au ventre.

Être déglinguée, en manque, en colère et devoir l’accepter. Comme il a fallu accepter qu’il n’y ait plus de maison au Danemark, il n’y aura donc plus cette fois de maison secondaire.

Avoir à la fois assez de lucidité et de recul pour bien évidemment concéder qu’au regard d’autres événements plus tragiques… c’est du pipi de chat et que la vie continue, et qu’il faut relativiser… que ce qui ne tue pas rend plus fort… oui, oui, oui… mais ouch, aïe, ouille un peu quand même.

Du coup, c’est quoi la suite maintenant ? Où trouver ces 7 heures qui jalonnent ta vie ? Influent sur ton humeur, sur ta fatigue, sur ton épanouissement ? Baaah, ça, aucun de mes cahiers d’enfance ne m’en donne la direction.

Est arrivé très vite le début d’année, mais pas le goût de la fête, ni à quoi que ce soit, à vraiment rien.

Sauf ce jour maussade, semblable à tous les autres, où, comme une fulgurance, un seul désir m’est revenu : me rendre à Fuerteventura, mon coup de foudre, mon coup de cœur. Retourner là où je me sens mieux que n’importe où ailleurs, là où la foudre ne me fait pas peur, là où elle fait battre mon cœur.

Et c’est ce que j’ai fait ! Adam, par la main, et des guirlandes festives pour nous accueillir, il était temps de bien commencer cette fichue nouvelle année.

Aussi grande et amoureuse que je sois maintenant devenue, j’avais néanmoins besoin d’une aide supplémentaire pour retrouver le goût, chasser la morosité, tout ce vague à l’âme inhabituel et encombrant. Il ne faisait aucun doute pour moi que Fuerteventura allait entendre mon S.O.S. et démanteler tout ça par ses rafales de vent, en m’épargnant d’être plus à terre.
7 jours pour enfouir sous le sable les 7 lettres sur fond noir que j’arborais fièrement sur mon badge aimanté à ma chemise, côté gauche de ma poitrine battante. 7 lettres qui faisaient mon bonheur, devenu malheur, 7 jours donc pour enfouir 4 consonnes et 3 voyelles, les déposer là, comme pour me résoudre à devoir leur dire adieu.
C’est ainsi que commence ce nouveau voyage, ce bref séjour, comme un défi de taille.

Mais j’ai la certitude d’être au bon moment, au bon endroit pour cela, quelle qu’en soit la direction.

Je le sens : Fuerteventura sera la meilleure des consolations.
Ici, je sais ce que je viens retrouver, je sais exactement ce qui m’électrise. Mais pour cette quatrième villégiature, pas tout à fait comme les autres, nous optons cette fois pour un van, quitte à restaurer ma matière grise, autant y rajouter un soupçon d’aventure.
« Las islas son mujeres dormidas », signifiant « les îles sont des femmes endormies ».

Pour moi, c’est poser un pied sur cette île qui me réveille, me sort de ma léthargie.

Ici, tout et rien m’émerveillent, un pétale éclairé par le soleil, et hop ! c’est reparti, la magie agit.
Du vert des cactus au rouge flamboyant du phare, puis la couleur des volcans qui nous entourent de partout…
Et plus précisément, les tons chauds des longues routes du nord que j’affectionne tellement, où se révèlent, au détour d’un parcours, des constructions inachevées, des commerces inoccupés, une sorte de « no man’s land » mystérieux, silencieux, que j’aime autant retrouver que les plages sans galets.
Ces nuances de bleu, de vagues folles dont les surfeurs audacieux raffolent. Autant de nuances qui me font croire que je suis en plein été, m’offrant ce privilège d’éviter Paris sous la neige, en cette semaine de janvier.
Retourner à El Cotillo, passer devant quelques restos et la maison au style paquebot, le tour est rapide dans cette mini-ville, on y croise quelques familles, et la frimousse d’une jolie petite fille.
Belle enfant à qui viendra plus tard le tour de se laisser porter au gré de l’amour et de ses hasards.
Lettre à un jeune poète, Lettre à Élise, Lettre à France… je ne suis ni Rainer Maria Rilke, ni Ludwig van Beethoven, ni Michel Polnareff

Pourtant, chère Fuerteventura, j’aurais tant à te faire savoir sur l’efficacité des sorts de ton grimoire, te dire que tu représentes pour moi bien plus qu’un site touristique, que toi et moi on se reverra bientôt, que c’est en venant chez toi que je me sors de ce manque de pot, de ce licenciement économique merdique, made by T. Le Guenic.
Dès mon arrivée, petite chose blessée que j’étais, tu m’as libérée des barrières de mon anxiété.
Avec ton aide, j’ai dompté les déferlements de mes tristes pensé
Avec ton assistance, je me suis redressée et j’ai repris confiance en mon devenir, et mon regard s’est porté plus loin que mes plans tout tracés de mon avenir.
Avec ta complicité, j’ai pris de la hauteur. Depuis mon nuage, je ne voyais plus de mauvais présage ; en pleine lucidité, j’étais fin prête à embrasser ce nouveau futur sans mauvais augure.
Oubliée ma carcasse des premiers jours, oublié tout ce qui me tracassait avant ce séjour.
Je n’ai pas eu à franchir les portes de tes églises, à te formuler des prières imprécises à foison pour que tu me fasses retrouver la raison
Sans m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi, et te parler de mon bon temps qui est mort ou qui reviendra, tu as su guérir mes blessures et moi, regarder ton soleil qui s’en va…

Pour tout ça, merci, Fuerteventura.
C’est ainsi qu’en 7 jours, main dans la main, avec beaucoup d’amour et des kilomètres d’émerveillement sur notre parcours, je me suis délestée, j’ai démêlé et clarifié tout ce remue-ménage émotionnel qui avait si bien joué les trouble-fête. Le défi fut relevé avec succès, la consolation salutaire.
On dit que les voyages forment la jeunesse ; je n’ai pas rajeuni de 10 ou 20 ans, quoique l’aventure en van nous en ait souvent donné l’impression ! Allier le rocambolesque et le paradisiaque simultanément : autant de fabuleux moments permettant à mes tourments de s’envoler et de faire revenir sur mon visage un sourire enchanté.
Aaaaah c’était donc ça que je me souhaitais à 9 ans ! Aller en Espagne pour y être heureuse, devenir là-bas encore un peu plus grande et courageuse quand la météo devient orageuse. Et si le mystère de la destination à laquelle rien ne m’unissait n’était tout simplement pas la recommandation future que je m’adressais ? Explication rationnelle ou pas, d’ordre spirituel ou pas… j’aime à croire que c’était écrit, une sorte de boucle temporelle… parce que c’était lui, sur cette île, avec elle.

Lui qui sait si bien réguler les vibrations de ma poitrine battante, quand celle-ci perd le bon rythme et s’engage dans une tonalité assourdissante, grâce à lui, je retrouve la bonne sonorité ; avec sa bonne oreille, il s’accorde à la mienne sans difficulté. Grâce à sa grande qualité d’écoute, quand je me démotive et flanche, il a toutes les compétences pour me remettre verticalement, pour une nouvelle danse. À mesure que le temps passe, j’ai beaucoup de gratitude envers la vie de m’épargner qu’elle ne me soit trop rude, pleine de coups de crasse. Je mesure ma chance d’avoir signé et dit oui à quelques paperasses, et même si l’un des contrats s’est pris un coup de canif non prémédité, qu’importe, il me reste le CDI auquel je tiens le plus dans ma destinée, celui d’être auprès de mon Complice à Durée Illimitée. Merci à lui.
J'arrive à la fin de cette très longue introspection, la plus longue en 10 ans de blog. Faire l'impasse aurait été plus bref pour son lecteur, mais j'aurais bien été incapable de la dissimuler correctement. On le sait, en 2024, il est à notre portée d'utiliser de nouvelles technologies nous permettant sur la base de quelques mots-clés de réaliser un texte dont la rédaction est concise et bien formulée, mais tellement déshumanisée par la même occasion. Il va sans dire, et vous l'aurez bien remarqué, que je n'en ai pas fait usage, il me tenait trop à cœur de remercier par moi-même, et tour à tour : mes parents, Fuerteventura, mon mari. (Jusqu'à preuve du contraire, aucun robot n'a encore fait leur connaissance.)

Il me reste à présent à rédiger de nouveaux souhaits dans un cahier flambant neuf, y inscrire mon prochain chapitre auquel j'ajoute quelques motifs décoratifs en page de garde pour mieux me l'approprier. Pour son contenu, le thème de l'amour et du voyage sera fluide à mettre en page. Pour le reste, je n'ai pas toutes les clés. L'inspiration est encore un peu confuse, la direction n'est pas définie. Ce chapitre est encore sans titre, mais je finirai bien par le trouver, lui et l'endroit où exercer mon fameux bon métier.

Barbara
Cette publication est dédiée à tous mes frères et sœurs de cœur.

Je leur souhaite à tous d'emprunter de beaux itinéraires ensoleillés, de trouver le chemin de leur consolation.

Je les remercie, eux aussi, d'avoir été les meilleurs coéquipiers que l'on puisse espérer rencontrer.
© crédits photo By Barbara

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