By Barbara

Eté 2019 à Gran Canaria et plus encore...3/3

« Je vous donne rendez-vous très prochainement », que j’écrivais à celui qui me lisait le 16 février dernier. Moi, encore émue par le souvenir de Gran Canaria et de sa nature dévastée par les flammes, cet événement d’envergure dont j’avais été témoin à bonne distance, muette face à ce drame qui était sans précédent pour moi.

Si j’avais su combien pire encore allait arriver... si NOUS avions su... ce à quoi, quelques mois ensuite, nous serions tous impliqués, où que nous soyons, avec cet invisible et dévastateur virus Covid-19.

En revanche, nous savons tous combien notre reconnaissance est grande et sincère pour les valeureux travailleurs qui ont continué à leurs risques et périls. D’autres ont pris leur mal en patience en serrant les dents face à leur inconfort étouffant, d’autres encore ont repris leur guitare, leurs pinceaux, leur rouleau à pâtisserie, leurs lectures, etc.

De ces heures écoulées, il était aussi venu l’occasion de réfléchir sur soi-même, mais pas seulement…
Pour ma part, peut-être aurais-je dû en profiter pour pianoter chaque jour sur mon clavier, revenir ici plus tôt avec cette façon d’y aligner mes mots et ressentis très personnels qui me rattrapent toujours quand je m’évertue sans succès à vouloir pourtant condenser ça sous forme de carnets de voyage.

J’aurais maladroitement fait des tartines et des tartines, amères ou sucrées, bien caloriques, des pavés de mots pour me les chasser de la tête en y joignant des photos non exploitées, ressorties de leurs archives, et pour, au final, clôturer avec ce dernier ici présent.

Mais je n’avais pas la moindre motivation et encore moins la prétention de me croire distrayante pour qui que ce soit. Je n’avais plus à cœur d’évoquer ce voyage au long cours vers le soleil quand d’autres, si nombreux, empruntent encore à ce jour ce tunnel sombre dont on ne ressort pas toujours.

Mon ordi est resté éteint et j’ai laissé libre cours à mes envies, en prenant soin de prendre l’air depuis ma fenêtre, en appréciant le silence extérieur, souvent interrompu par les sifflements des oiseaux et les applaudissements de 20 h. Jour après jour, j’étais réceptive au fantastique spectacle gratuit disponible en illimité depuis mon bon emplacement : les multiples interprètes, tous plus talentueux les uns que les autres dans leurs rôles bien définis, m’ont donné l’envie de leur tirer le portrait.
À l’évidence, bien que tout ne soit pas encore « comme avant », dans deux petits jours, pour nous, Français, c’est plus ou moins reparti, l’heure du déconfinement approche. Alors, certains vont se remettre en selle pour aller au turbin, avec leur bandana bien noué au visage, prêts à dégainer leur flacon de gel des poches dès le moindre terrain hostile. Non, nous ne sommes pas au Far West, plutôt dans une nouvelle chorégraphie de la vie, avec laquelle on se familiarise doucement aux pas, où, mutuellement, nous veillons à ne pas piétiner les pieds de nos partenaires de danse ni même à nous tenir par les mains. C’est une danse peu charnelle, on en conviendra tous, mais la prudence est toujours de mise.

Après mes deux derniers posts très colorés, je publie donc finalement ce troisième volet que j’avais mis en veilleuse. Je le présente comme initialement prévu, c’est-à-dire en noir et blanc, un mauvais raccord, alors que nous avons tous tant besoin de couleurs. Là encore, si j’avais su…

Mais vous n’êtes pas sans savoir que le mental est un allié précieux, plein de ressources, et qu’il sait faire preuve de beaucoup d’imagination pour celui qui en prend bien soin et se prête au jeu.

Voilà, ça y est, je le sais, ça recommence, cette introduction est déjà beaucoup trop longue. Alors, à vous de faire la suite de l’histoire. Ça tombe bien, je parlais deux lignes plus haut d’imagination. Ce n’est pas bien compliqué : il est question de survoler les nuages en avion, puis de poser les pieds au sol sur une île des Canaries. Là-bas, vous irez parfois à droite, en direction du sable, puis tournerez finalement à gauche, en contemplant les différentes architectures, en levant le nez en l’air pour regarder la pointe d’un phare ou celle d’une branche d’arbre. Si l’envie vous prend, vous pourrez même y rajouter des dialogues entre vous et des statues, un pigeon ou un lézard. Ensuite, dans tout ce calme, finalement, il ne sera pas déplaisant de se mêler aux autres, à ceux qui pêchent, qui courent, qui s’enlacent, qui observent la nature avec ce qu’elle comporte de plus beau et de moins beau.
J’espère que vous avez été bien inspirés par ce voyage en images, qu’à travers ces réels décors sans fond vert, vous lui avez apporté la bonne trame, le bon scénario et de la joie de vivre. Il ne fallait pas oublier ça ! Peut-être avez-vous songé, autant que moi, combien nous étions si petits face à la nature.
Je ne sais pas si tel est le cas, mais ce dont je suis certaine, c'est que ce voyage a eu lieu il y a neuf mois, mes dernières vacances en famille et, parallèlement, le dernier été que ma jolie grand-mère danoise a connu. Une grand-mère dont il y aurait beaucoup à écrire, comme toutes celles à qui la vie n'a pas toujours fait que des cadeaux et dont les manifestations affectueuses n'étaient pas débordantes. Sa pudeur à dévoiler ses sentiments intimes la poussait à préférer regarder un film à mes côtés plutôt que de me raconter sa propre histoire. Des films pour s'évader, toujours des happy-ends, tous dotés d'humour ou de féerie comme « Le Magicien d'Oz » qu'elle m'avait fait découvrir. Elle, qui croyait tant en l'existence d'un paradis, je lui souhaite d'avoir pensé juste et d'y être profondément sereine auprès de sa maman et de ses chiens adorés, sans oublier de pleurer de rire avec ses chouchous Danny Kaye et Jerry Lewis. Et si le planning n'est pas tout à fait celui-ci, je lui souhaite alors d'avoir encore assez de patience pour y trouver le bon chemin, qu'il mène au ciel ou non, qu'il soit pourvu ou non de briques jaunes.
Nous, Terriens, bien privilégiés d'être encore là et impatients de faire tomber nos masques de protection contre le virus Covid-19, et plus fortement encore impatients de jouir de toutes nos libertés, peut-être ne serait-il pas inenvisageable de se montrer à la hauteur de ce privilège, d'honorer la mémoire de tous ces absents partis pour toujours, qu'ils nous soient familiers ou non, en nous efforçant de trouver de bonnes formules pour être les magiciens de demain.

C'était l'été 2019, à Gran Canaria et plus encore…

Ah oui, justement, encore une chose de plus à préciser, car à moins de se prénommer Mozart, Elvis ou Marilyn, et comme, globalement, il ne reste pas de longues traces de nos existences (dans le meilleur des cas une à deux générations après soi et hop c'est fini, rideau pour toujours, parfois même hélas c'est déjà le cas de son vivant…), alors, aussi longtemps que cette page de mon blog sera là, aussi nombreux ou moins nombreux que soient les personnes qui tomberont dessus, je pourrai avoir le plaisir et l'illusion de croire que ses paupières ne sont pas totalement closes, celle dont le regard était si bleu, celle qui s'appelait Birgit Eina Koborg, mais pour moi c'était simplement « mamie ».
Haut les cœurs ! On ne le redira jamais assez.

Barbara ❤️
© Crédits photo By Barbara

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