By Barbara

Expo : Malick Sidibé à la Fondation Cartier

Bonjour à tous

Aujourd'hui, c’est de nouveau pour parler d’une exposition que je reviens par ici.

J’y suis allée un de ces derniers jours où l’on ne savait plus bien s’il fallait se déplacer en luge ou en ski, sans quoi on avait une chance sur deux de chuter lamentablement ! Alors, face à cette chute des températures un peu incommodante et rafraîchissante, j’ai saisi l’occasion d’aller trouver un peu de chaleur en m’ensoleillant à la Fondation Cartier, où le Mali est à l’honneur, mais aussi, et surtout, la mémoire de l’un des photographes maliens les plus connus à l’étranger, considéré comme l’un des plus grands portraitistes de la seconde moitié du XXᵉ siècle…

M. Malick Sidibé.
C’est ainsi, entourée de neige, que j’ai découvert et pointé mon objectif vers les clichés en noir et blanc de celui que l’on surnommait « l’œil de Bamako ».
Vingt-cinq ans après la première exposition qui lui avait été consacrée en ce même lieu, cette nouvelle rétrospective, en hommage à l’artiste décédé le 14 avril 2016 à l’âge de 80 ans, est aussi une manière de comprendre son parcours et son implication dans la vie culturelle et sociale de Bamako.
Né en 1935 à Soloba, au Mali, dans une famille de paysans, il grandit en aidant son père berger et entre à l’école à l’âge de dix ans. Remarqué pour son talent artistique, notamment pour le dessin, Sidibé est choisi pour étudier à l’École des artisans soudanais. En 1955, il est diplômé artisan-bijoutier, puis travaille au studio « Photo-Service » de Gérard Guillat-Guignard, qui le choisit pour décorer son magasin et lui propose ensuite de devenir son apprenti. C’est là que tout se met en marche, il développe ses compétences et son intérêt pour la photographie. Avec son Kodak Brownie Flash, il capte le quotidien de son village et réalise ses premiers reportages pour son propre compte. Il ouvre le Studio Malick en 1962, dans le quartier de Bagadadji, au cœur de Bamako.
Au total, plus de 250 photos et archives sont présentées, des tirages d’époque réalisés par Malick Sidibé lui-même, de 1960 à 1980, dont certains n’ont jamais été montrés au public. Muni de son Rolleiflex, il a su imposer son style unique et révéler un regard attentif, aujourd’hui reconnu dans le monde entier.
À deux pas de là, et s'inspirant des photos de l'artiste ainsi que des tenues de ses modèles, on trouve à notre disposition quelques accessoires pour celles et ceux qui aimeraient se prêter au jeu de la pose.
En plus du travail de Malick Sidibé, des œuvres du peintre congolais JP Mika et du sculpteur ghanéen Paa Joe, inspirées par le photographe et créées spécialement pour l'exposition, apportent de belles couleurs au lieu.
Tandis que, dehors, la neige fond par endroits, le soleil arrive timidement à travers les vitres et projette sur les murs un jeu d'ombres et de lumières…
Vous l’aurez probablement constaté, nous avons changé de pièce, car l'exposition se divise en deux parties. Après avoir découvert Malick Sidibé portraitiste, c'est le Malick reporter que nous découvrons. Une fois devenu une figure incontournable, très appréciée par la jeunesse, Malick Sidibé était présent dans toutes les soirées où les jeunes découvraient les danses venues d’Europe et de Cuba. Ils se déhanchaient au son du twist et du rock'n'roll, tous s’habillaient à la mode occidentale et rivalisaient d’élégance. En 1957, il était le seul photographe de Bamako à couvrir tous les événements, fêtes et surprises-parties, capturant l'essence de la jeunesse malienne, sa fougue et sa joie de vivre, au moment où le pays gagnait son indépendance.

Ci-dessous, deux adolescents dansent, le sourire aux lèvres. Il s'agit de "Nuit de Noël", une photo légendaire de 1963 qui, selon le magazine Time, fait partie des "100 photographies les plus influentes de l'histoire".
Le titre de l’exposition, "Malick Sidibé - Mali Twist", fait référence à la chanson éponyme du chanteur et guitariste malien Boubacar Traoré, sortie en 1963, que nous pouvons entendre dans la bande-son qui accompagne notre visite. À celle-ci s'ajoutent 71 autres morceaux, parmi lesquels Ray Charles, les Rolling Stones, Joe Cocker, Toumani Diabaté, Jimi Hendrix, Otis Redding, Amadou et Mariam, James Brown, les Beatles, Joe Dassin, Dutronc, Cloclo et Jojo.
Une fois descendus à l'étage inférieur, nous faisons face à un autoportrait de Malick datant de 1960, suivi d'une multitude de photographies, toutes plus belles les unes que les autres.
"Combat des amis avec pierres", au bord du fleuve Niger, est l'un des clichés exposés. On le retrouve également en visionnant le documentaire de 64 minutes réalisé en 2008 par Cosima Spender, Dolce Vita Africana, un moment réjouissant où l'on écoute Malick parler de son art et de ses sources d'inspiration.
Puis il y a les nombreux livres qui lui sont consacrés, ainsi qu'une série d'objets inédits, édités et réalisés spécialement pour l'exposition, que l'on retrouve en vente à la librairie, dont le catalogue et l'album de cette chaleureuse et pétillante rétrospective.
Enfin, côté récompenses, c'est en 2003 que Malick Sidibé reçoit le prestigieux prix international de la photographie Hasselblad, décerné pour la première fois à un photographe africain. Quatre ans plus tard, c’est la consécration : il est récompensé par le Lion d’or à la Biennale de Venise. Quelle fierté pour celui qui gardait les troupeaux de bœufs de son père et qui, ne parlant que le bambara, sera le seul de sa famille à apprendre le français à l’école.
Je termine avec une petite sélection d'images de celui qui a su capter au vol ces séquences de vie insouciantes et exubérantes des années 1960-1970, où la fantaisie vestimentaire et la jubilation de ces jeunes épris de liberté et de musique nous sautent aux yeux à travers des images simples et authentiques.
Encore un dernier mot, et plus particulièrement, je tiens à remercier chaleureusement Martine S. pour sa générosité, sans qui mon après-midi de "rencontre" avec Malick Sidibé n'aurait pas eu lieu, ni même ce nouvel article qui, je l'espère, ne vous aura pas déplu.

Alors, chers anciens ou nouveaux lecteurs curieux, je vous souhaite un bon week-end et me ferai le plaisir de vous retrouver au printemps prochain pour d'autres partages d'images. 🌾💐🌞📷

Barbara
© Crédits photo By Barbara

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