By Barbara

Volcan de Néa Kaméni, le cœur de l’Atlantide

C’est le milieu de la semaine et le début de ce troisième rendez-vous en Grèce, que je vous ai concocté doucement, mais sûrement ! Nous sommes toujours à Santorin, où la blancheur éclatante des nombreuses maisons troglodytiques de Fira ou de Firostefani ne cesse d’éblouir mon objectif photo.
C’est bien simple, ici, tout est éblouissant. Une simple rotation sur soi-même offre un spectacle gratuit, du lever au coucher du soleil. Que l’on déambule entre les allées des habitations ou que l’on monte les marches menant à la pointe du rocher de Skaros, la satisfaction d’être en ces lieux est toujours bien présente.
Alors que ma semaine de vacances sur l’île touche à sa fin, un endroit aiguise ma curiosité, un lieu que nul ne peut ignorer en le voyant au milieu de l’étendue d’eau. Non, non, je ne parle pas des ignobles paquebots… mais bien de l’arrière-plan, bien sûr !
Il faut savoir que Santorin (également appelée Théra ou Thíra) est une île volcanique qui doit sa forme en croissant à l’éruption minoenne de 1650 avant J.-C.
L’explosion, estimée équivalente à environ quarante bombes atomiques, soit cent fois plus puissante que celle qui a détruit Pompéi, fit sauter le cœur de l’île, transformant à jamais sa topographie.
Le volcan, situé au centre de l’île, s’effondra, donnant naissance à la caldeira actuelle, surplombée de toutes ces maisons troglodytiques creusées dans la roche volcanique et agrippées aux flancs du cratère.
Au milieu du lagon, la roche en fusion du volcan sous-marin a fait remonter des fragments de lave, donnant naissance à plusieurs îlots.
De cet archipel, Santorin est la plus grande île, on y trouve aussi Thirassía, Aspronissi, Paléa Kaméni et enfin Néa Kaméni, qui correspond à la partie active du volcan.
C’est précisément vers ces deux dernières îles que nous nous dirigeons.
Certains spécialistes estiment que Santorin correspondrait au mythe de l’Atlantide décrit par Platon. Dans son récit, le philosophe antique évoque une île prospère qui aurait sombré dans la mer et disparu sans laisser de trace.
Tout d’abord, il va falloir descendre les 250 mètres de falaise pour atteindre le vieux port de Fira, pour cela trois options se présentent à nous. Soit :

1/  payer pour s'asseoir tranquillement cinq rapides minutes dans le téléphérique.
2 / ou pour les plus sportifs, descendre à pied les 588 marches pavées en 20 à 30 minutes.
3 / ou payer les muletiers pour s’installer sur le dos d’un âne ou d’une mule.
Notre choix fut vite fait, et même si tout porte à croire que le chemin est volontairement bloqué pour compliquer la tâche, et qu’à cela s’ajoutent quelques désagréments olfactifs, nous avons préféré de loin nous lancer dans ce slalom assez physique et accorder un peu de répit mérité à ces pauvres bêtes qui n’avaient rien demandé.
Je doute fort qu’elles aient choisi de se retrouver dans ce calvaire, muselées et épuisées les unes contre les autres sous un cagnard de 35 °C, ni de fixer d’un regard abruti, des heures durant, le calcaire des falaises.
Je doute également qu’elles aient choisi de porter le poids de ceux qui participent aveuglément à les épuiser dix heures par jour, en les faisant monter et descendre au son des clochettes qui les encombrent, comme pour mieux dissimuler le claquement des coups de bâton.
Alors, nous avons laissé cela à d’autres, et je dois reconnaître que nous nous sommes sentis un peu seuls à ne pas participer à cette attraction locale…
J’étais bien mal à l’aise en les croisant, si nombreux et si cruellement amorphes. Même le joli colorama arc-en-ciel de leur apparat ne m’a pas empêché de constater que, derrière chaque perle ou pompon, se cachait un regard inexpressif.
Trente minutes plus tard, nous atteignons le port, où nous devons patienter un peu avant d’embarquer. Pendant ce temps-là, comme le chante J.-L. Aubert, « y a des mômes qui font signe aux bateaux, des p’tits garçons qui fixent l’horizon » ♫♪♪
Alors que la traversée s'engage et laisse derrière nous les traces de notre passage à bord du caïque, chacun se protège du soleil et se prémunit des vilaines marques de bronzage.
Avant d'atteindre le volcan, notre circuit nous dépose, le temps d'une courte pause de 20 minutes, dans les sources chaudes volcaniques de l'île de Paléa Kaméni. Les plus prévoyants auront pensé à enfiler leurs maillots de bain au préalable pour gagner du temps, mais se verront tout aussi surpris que moi par le changement de couleur du textile en sortant de l'eau ! Cette eau, aux reflets de rouille, a la réputation d'être régénérante grâce à ses multiples vertus thérapeutiques, mais la pause était bien trop courte pour nous convaincre réellement de ses qualités.
Puis, nous arrivons sur le volcan. Avant tout, chacun doit être un minimum attentif aux recommandations de la guide pour ensuite s'aventurer, le temps d'une heure, dans ce décor lunaire composé de lave calcifiée et de cristaux de soufre aux tons noirs et orangés.

Placés en file indienne le long d'un sentier, nous entamons la montée vers le sommet du cratère, en direction du cœur du volcan, dont la dernière éruption remonte à 1950.
Ambiance cataclysmique ou non, on ne rechigne pas à sortir ses plus belles tenues à fleurs !
Le retour arrive déjà. Assis dans la caïque, on distingue au loin le port, en prenant pleinement la mesure de ce qui nous attend pour remonter jusqu’à la ville.
 Mais nous n’avions pas encore posé nos deux pieds hors du bateau que déjà on nous rappelait la possibilité d’économiser nos efforts en grimpant à califourchon sur ces braves martyrs à sabots. 
Sans négliger, au préalable, de piocher dans nos économies quelques euros afin de ramener dans les bagages un doux souvenir à caresser, il y en a pour tous les âges, des gadgets assez étonnants, de quoi faire sourire et me laisser perplexe…  
Tout autant que cette pancarte, qui voudrait me faire croire que Bourriquet, Troto et Cadichon affichent un si large sourire au quotidien.
Vraiment, pardon d’insister là-dessus, mais autant je m’extasie facilement sur beaucoup de belles choses, autant là je ne peux taire le fait que je n’y ai vu qu’un regard sombre et triste dans l’œil profond de celui à qui je fis la promesse de gravir coûte que coûte ces 588 marches. Ce n’était pas sans efforts sur la fin, avec le souffle court et les mollets en feu, mais au plus près de ce que mon cœur me dictait, et cela, sans l’ombre d’un doute. 
To be continued...

Barbara
© crédits photo By Barbara

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