By Barbara

April in Brighton 3/3

« Là où ça palpite de tous côtés… en plein cœur de la ville ! » C’est avec ces mots que je vous proposais, lors du précédent article, de me rejoindre une dernière fois à Brighton. Éloignons-nous un instant de la plage et traversons les rues, prenons ensemble les passages, montons les marches d’escalier, tournons à gauche, puis quelques pas plus loin, sur notre droite…
Dès le lever du jour, j’ai tenu à faire au plus vite connaissance avec cette ville. J’y venais pour me reposer, mais pas seulement. Comme dans chaque nouvelle rencontre, il faut être curieux, disponible et à l’écoute. Alors, pour que le dialogue s’installe, je me suis rendue dans tous ses quartiers, partout où la météo me le permettait, en ouvrant grand mes yeux et ce n’était loin d’être de tout repos. Je peux dire que Brighton est une ville très démonstrative, mais tout de même, j’ai dû faire des recherches, et j’ai rapidement été récompensée. J’ai également voulu comprendre quelle était l’humeur de la ville, quelle ritournelle fredonnait-elle ?
J’ai tendu l’oreille, et les sonorités sont facilement arrivées à moi, une à une… celles des autos, des vélos, des motos, des bus, des passants, sans oublier les nombreux oiseaux.
Ailleurs, certaines rues étaient bien plus tranquilles, leurs portes et leurs fenêtres généralement closes. Un silence parfois interrompu, dans lequel intervenait un étonnant détail ou la présence d’un individu.
Le cadran tourne, les jours passent, et ici vraiment rien ne me lasse.
Brighton, c’est aussi des pubs à tous les coins de rue.
« Cheers ! » On lève un verre, on trinque à tout ou à rien, l’esprit se libère…
Même sans alcool, on perd pied, comme ici, dans ce ciné où la création de Jamie McCartney semble bien s’amuser !
Quand d’autres se sentent probablement trop harnachés…
Autre belle surprise à visiter : le Pavillon Royal. Cet étrange endroit, aux allures de palais de maharajah, fut occupé essentiellement par le roi George IV (1762-1830), qui venait régulièrement à Brighton pour se soigner de son affection (la goutte) en profitant de l’air marin. Peu fréquenté par les souverains suivants, le palais servit ensuite d’hôpital en 1915, en accueillant les soldats indiens blessés à la guerre et ayant combattu sous les couleurs de l’Angleterre. Aujourd’hui, la résidence royale est ouverte aux touristes et permet de découvrir cette architecture pittoresque, typiquement anglaise.
Devant l’entrée du Pavillon Royal, on se délasse, on papote ou on se bécote : il y a du monde !
Un drôle de monde même ! À Brighton, se mélangent des papas Superman, des petites filles Spider-Man, on mixe les imprimés, on met de la couleur à gogo, on secoue le tout en se fichant presque du résultat, mais surtout du regard des autres.
De la tête aux pieds, on ne rechigne pas à quelques excentricités. La ville compte de nombreuses boutiques permettant à chacun et à chacune d’y trouver de quoi laisser sa fantaisie s’exprimer.
À Brighton, les passionnés de mode vintage se régalent dans les rues commerçantes, sans oublier les mélomanes à la recherche de vinyles ou d’instruments, sous le regard de Jimi Hendrix, David Bowie et tant d'autres souvent représenté.
En bref, je n’ai pas été déçue. J’ai perçu chacune des mélodies que me fredonnait la ville, de la plus grave à la plus aiguë des notes. J’ai suivi son rythme, ses variations, et j’ai aimé sa cadence.

Pour autant, un après-midi, nous avons pris un peu de recul. Nous avons marché de Brighton jusqu’à la Marina, le moulin de Rottingdean se tenait là, silencieux et immobile, tandis qu’au front de mer, le chant des vagues et le vacarme des mouettes composaient encore une fois la plus belle des bandes-son.
Enfin, pour notre dernière journée, nous avons pris la direction de Seaford, à environ quarante-cinq minutes de bus, histoire de changer un peu d’ambiance.
Fini la clameur de la ville et ses extravagances, ici, tout semble respirer plus lentement, comme si le temps lui-même s’accordait une pause.

J’aime autant l’agitation que j’ai besoin de calme, alterner entre vacarme et murmure. Alors, je ne doutais pas un instant que Seaford allait, à sa manière, me jouer une autre mélodie, plus douce, plus apaisante, mais tout aussi harmonieuse.
Du haut des falaises, j’ai d’abord ressenti un léger vertige, avant qu’une irrésistible envie ne me prenne d’aller explorer le parc naturel des Seven Sisters.
Mon fils, fidèle à lui-même et toujours en tête de file, battait la mesure de nos pas comme un chef d’orchestre guidant notre petite symphonie de randonneurs.
C’est ainsi que notre séjour s’est achevé, en nous laissant bercer par le vent, en en ressentant le tempo apaisant, en le laissant caresser nos oreilles, en savourant l’instant dans le plus grand des silences, et en nous disant qu’il fut bon de faire connaissance avec cette jolie petite ville dont nous n’oublierons pas l’existence.

Barbara
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