By Barbara

Au Danemark, il était une fois Gilleleje

Bonjour

3ᵉ et dernier volet de ma semaine au Danemark.

Cette fois-ci, après avoir quitté Copenhague, nous prenons la route vers le nord, à une cinquantaine de kilomètres, pour rejoindre un charmant petit village portuaire, non loin des côtes suédoises.

Nous voici à Gilleleje.
Sortis de la gare, nous laissons passer les trains avant de nous diriger vers la rue Kalvehavevej.
Cette rue n’est pas comme les autres, car ici réside ma grand-mère, sûrement la sirène locale de l’époque, à en juger par ce cliché du passé.
Alors oui, c’est vrai, ce n’est pas par hasard que je me suis rendue au Danemark, il s’agit de mes origines et d’innombrables souvenirs d’enfance.
Tant de vacances passées là, à faire mille et une bêtises avec ma sœur et ma cousine…
Néanmoins, avec le temps, certains commerces ont été remplacés, d’autres ont poussé là où la nature était belle.

Quelques-uns de nos repaires et certaines de nos habitudes ont été chamboulés, mais dans l’ensemble, la ville conserve ce parfum calme et serein que nous connaissons si bien et que nous aimons par-dessus tout.

À commencer par les jolies maisons aux toits de chaume.
Que vous le sachiez, Gilleleje est avant tout un village de pêcheurs.
Mon arrière-grand-père Charles était marin et travaillait vaillamment au port, sous le regard angélique de mon arrière-grand-mère Clara.
Alors âgée de trois ans, ma maman se rendait avec son frère et sa sœur au port pour contempler les petits et grands voiliers.
Le port fut construit en 1873 et achevé en 1902.
En 2009, sous un ciel spectaculaire, j’avais immortalisé ces bateaux en cours de restauration.
En cet été 2014, c’est sous un ciel bleu que je m’y suis rendue.
La fête foraine annuelle battait son plein, avec sa grande roue visible depuis l’autre bout de la ville.
Il y a les beaux bateaux, les typiques et les autres… aux noms parfois atypiques !
Se rendre au port, c'est aussi retrouver le rituel d'aller manger un hot-dog, d'acheter du poisson frais et d'observer les mouettes.
Les mouettes sont ici chez elles et s’invitent à votre table… ou sur les murs !
En prenant de la hauteur, sur les côtes du Sjælland, on trouve l’incontournable phare de Nakkehoved.

Mon fils fait le malin, pensant avoir assez grandi pour le déplacer…
Mais le phare fait partie intégrante des falaises, il trône en géant sur les lieux depuis si longtemps qu’il nous a vus faire nos premiers pas et se trouve toujours dans un coin de nos photos… et il reste bien en place !
Comme partout, à Gilleleje, il y a une église et un cimetière. Mais il s’agit d’un cadre si verdoyant, paisible et ravissant qu’en réalité cet endroit était un rendez-vous heureux pour l’enfant que j’étais. Chaque été, accompagné de ma grande sœur, nous arrosions les fleurs, nous nous égarions dans le labyrinthe des haies en jouant à cache-cache, nous nous enivrions de l’odeur des buis et regardions les prénoms. Il n’y avait rien d’irrespectueux, juste l’innocence de prendre cet espace comme notre jardin secret.
Les papillons virevoltent au vent, tout comme plusieurs drapeaux aux quatre coins de la ville.

Aux rambardes, aux vitrines des boutiques, aux fenêtres des maisons, il est impossible d’oublier où nous sommes !
En dehors du drapeau rouge, on trouve aussi, à divers endroits du village, de curieuses petites boules rouges…

Le cynorrhodon est le nom de ce fruit acide et juteux, souvent niché dans les églantiers. Il est principalement utilisé en confiture.
En cette année 2014, la population totale de Gilleleje est de 6 573 habitants ; pour autant, tous ne circulent pas qu’à vélo !
La marche est également à l’honneur, avec l’emblématique sabot dont les Danois raffolent.
Autant de possibilités qui semblent être un bain de jouvence pour les habitants, qui savent se distraire simplement, quels qu’en soient leurs âges !
Et justement, parce que les générations se mélangent et qu’elles n’expriment pas leurs talents de la même façon, voici le seul graffiti que j’ai croisé sur ma route.
Cette autre originalité m’a beaucoup plu. Mais nettement moins l’accouplement des deux canettes, négligemment laissées chez nos amis les galets… Cela dit, c’est le seul crime de lèse-majesté que j’ai recensé dans la ville, où aucun papier n’est au sol, où aucune incivilité ni mendicité n’intervient, et où chacun traverse dans les clous au moment qui lui est imparti… Incroyable… mais vrai !
Malgré tout, quelques rappels de règles de bonne conduite trônent ici et là, permettant ainsi d’apprécier à leur juste valeur chaque endroit merveilleux du village.
C’est moi, à huit ans, dans la même allée.
Les maisons, le port, l’église et le cimetière… mais surtout la mer est là, certes un peu fraîche, mais revigorante !

Une plage où les bébés sont culs-nus, où les chiens se rafraîchissent et jouent dans l’eau, où les bateaux et les cerfs-volants nous entourent… Puis, l’après-midi s’achève : tout devient alors silencieux et encore plus beau au coucher du soleil.
Arrive la fin des vacances, Copenhague et Gilleleje, c’est fini. Le retour s’effectue encore en car, avec à nouveau l’instant de grâce que nous offre la traversée en bateau.

Depuis, Paris est pluvieux et disgracieux, et je prolonge la chaleur du Danemark à travers mes photos.

Je me dis : « Vont-ils vouloir visiter le Danemark après trois articles ? », « Ont-ils aimé mes photos ? »…

Des clichés que je vous partage amicalement, un mot à la mode ou dans l’air du temps, « le partage ». J’ai presque envie de nuancer et de vous dire que je vous les confie comme on fait une confidence.

Vous n’imaginerez jamais à quel point cet article est le plus personnel que j’ai pu écrire, celui qui bouscule le plus ma sensibilité.

Car Gilleleje n’est pas qu’un village, pour moi, ce n’est pas 6 573 habitants, mais une histoire de famille, qui partage de génération en génération le même attachement pour chaque coin de rue, avec ses odeurs et l’écho de nos rires et de nos petites chamailleries familiales.

Kalvehavevej est un nom de rue imprononçable, où seuls ceux qui s’y rendent se souviennent de la force qu’il a fallu dans les mains de mes arrière-grands-parents pour bâtir cette maison qui nous accueille.

Charles, Clara, j’espère que les papillons viennent souvent vous saluer dans votre jardin secret. Pardonnez mon intrusion, mais je voulais simplement vous remercier pour tout ❤️

Bonne rentrée à tous

Barbara
© crédits photo By Barbara

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