By Barbara

Balade à l'Opéra Garnier

Bonjour

C’est dans le très chic IXᵉ arrondissement de Paris que je vous retrouve pour une nouvelle balade.
Plus précisément, au magnifique Opéra Garnier, inauguré en 1875, dont les nombreuses marches n’en finissent pas de voir monter toujours autant de monde… émerveillé !
La découverte du lieu débute par la « rotonde des abonnés ». Cet espace circulaire était autrefois réservé aux habitués, qui venaient assister à jusqu’à trois spectacles par semaine.
De nos jours, la billetterie se trouve juste à côté.
Du sol au plafond, tout s’y contemple avec une minutieuse attention. À commencer par l’arabesque au-dessus de nos têtes, où l’on distingue discrètement, dans l’entremêlement des lettres : « 1861-1875 Jean-Louis Charles Garnier », l’audacieux architecte qui remporta, à l’unanimité et à seulement 34 ans, le concours lancé en 1860 pour la construction d’un nouvel Opéra à Paris, parmi 171 autres propositions.

Méconnu avant cela, il s’entoura, durant les quinze années nécessaires aux travaux, d’une équipe composée de soixante-treize sculpteurs et de quatorze peintres pour donner vie à cet édifice dédié à l’art lyrique, aujourd’hui célèbre dans le monde entier pour son architecture et la qualité de ses représentations.
Passé cet endroit, dans le prolongement, nous sommes accueillis par quelques silhouettes immobiles, positionnées dans une fontaine jadis en fonctionnement.

Dissimulée à l’arrière se tient une statue représentant la Pythie, l’oracle d’Apollon, le dieu des arts entre autres. Cet endroit, niché sous la grotte de la Pythonisse.

Puis nous nous dirigeons vers ce qui faisait la fierté de Charles Garnier, les marches du grand escalier.

Haut de trente mètres, il se distingue par la diversité de ses vingt-quatre marbres, venus d’Italie, de Suède et de bien d’autres pays — la France n’ayant pas exactement ce que l’architecte recherchait.
Au pied de l’escalier, deux statues torchères en bronze éclairent l’endroit. C’est l’un des lieux les plus célèbres du Palais, menant à l’amphithéâtre, au parterre, à l’orchestre et également aux baignoires.
Difficile de ne pas être époustouflé par l’ampleur de la féerie qui s’en dégage, la richesse des matières et la diversité des peintures en font déjà un spectacle à part entière.
Autre lieu : la « rotonde du Glacier », achevée bien après l’ouverture de l’Opéra. C’est ici que se faisait la distribution de rafraîchissements lors des entractes.
Impossible également d’échapper à quelques touristes et groupes de visiteurs, venus écouter attentivement les secrets dévoilés par les nombreux guides.
Dans l’allée nommée « le grand foyer » se dresse, à proximité d’une fenêtre, une copie du buste de Charles Garnier, réalisée par le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux.
Ce sublime espace avait été pensé à l’époque comme un point de rencontre entre les spectateurs, toutes catégories sociales confondues.

Le grand foyer comprend également de nombreuses peintures. Au plafond, on peut admirer la représentation des grands thèmes de l’histoire de la musique, tandis que les murs, ornés de miroirs sur près de six mètres de hauteur, rappellent immanquablement le château de Versailles.
À partir de ce fastueux endroit, où les dorures se comptent par milliers, des portes-fenêtres ouvrent sur l’extérieur et nous mènent à la loggia.

Une autre belle promenade s’offre alors à nous, longée de seize colonnes en pierre de Bavière, permettant de profiter d’une vue unique sur l’avenue de l’Opéra.
Cette majestueuse entrée nous conduit à la rotonde du Soleil. À l’autre extrémité existe également la rotonde de la Lune.

La rotonde du Soleil se distingue par sa coupole ornée de salamandres et de nombreux rayons dorés. Ses quatre glaces, étamées à l’or, reflètent une lumière chaleureusement dorée.
À l’origine, ce « salon du chaud » devait précéder le fumoir et servir de vestibule.
Et celle du Froid devait se trouver aux abords du glacier, où les cocktails seraient servis, mais, dans la précipitation de leur conception, leurs emplacements furent intervertis. J'ai tout particulièrement aimé la Rotonde de la Lune, charmant petit espace dont la voûte aux couleurs argentées, agrémentée de chauves-souris et d'étoiles somptueuses, m'a fait voyager loin, le temps d'un instant.
La voûte et le sol de l’avant‑foyer sont recouverts de magnifiques mosaïques…
Voilà le cœur du palais : la salle de spectacle, toute de rouge et d’or vêtue, avec cinq niveaux et 1 971 fauteuils précisément.

Mais ce qui frappe instantanément, c’est ce magnifique lustre en cristal, pesant entre sept et huit tonnes, qui valut, en 1896 lors d’une représentation, la mort d’une femme et de nombreux blessés à cause d’un contrepoids ayant entraîné sa chute.

Au commencement, une multitude de flammes et de globes alimentés au gaz éclairait la salle, et cela sans interruption.

Ce n’est qu’en 1881 que le lustre fonctionna à l’énergie électrique. De nos jours, il est nettoyé une fois par an.
Il est à noter que la coupole n’est pas d’origine : elle fut conçue en 1964 par Marc Chagall et représente 220 m² de surface !

Son œuvre recouvre l’ancienne, dissimulée en dessous. Ce changement suscita de nombreuses controverses, l’univers coloré de Chagall contrastant avec le calme feutré du vénérable monument du Second Empire. La curiosité de l’époque fit tripler la fréquentation de l’opéra.

En l’observant attentivement, on y découvre neuf opéras et ballets célèbres, répartis en cinq zones, chacune dominée par une couleur, toutes dédiées à différents compositeurs.

La précédente coupole, réalisée par Jules Eugène Lenepveu, était en effet devenue sale et dégradée, en partie à cause des fumées dégagées par l’éclairage au gaz. Par ailleurs, il est possible d’en voir la maquette au musée d’Orsay.

Ci-dessous, un montage présentant, en bas à gauche, l’ancienne coupole.
Le gardien fait retentir une clochette pour signaler qu’il est temps de se diriger vers la sortie.
Après avoir tardé à descendre les marches, nous empruntons le vestibule de contrôle, qui n’est autre que l’entrée principale, où le filtrage des spectateurs munis de billets s’effectue avant les représentations.
Au détour de la boutique de souvenirs, entre les livres, les disques, les tutus et les chaussons, de majestueuses lampes danseuses nous émerveillent encore un peu, si gracieuses et légères que l’on pourrait se méprendre et vouloir tournoyer sur soi‑même.

Nul besoin de le faire : nous n’avions déjà plus vraiment les pieds sur terre…

Déconnecté de ce Paris bruyant et agité à l’extérieur, j’étais hors espace‑temps, plongé dans cette immense bulle formidable où tout n’est que somptuosité, et où l’on ne peut qu’admirer tous ceux qui contribuent à faire de cet opéra un lieu dont la beauté perdure plus d’un siècle après l’ouverture de ses portes.

Barbara
© Crédits photo By Barbara
Charles Garnier 1825 /1898

Articles recommandés